조선 공격을 위한 함대 사령부의 체푸(芝罘) 회의 보고
A Bord de la Guerrière, Tche-foo, le 11 Septembre 1866
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur d’informer Votre Excellence que le Primauguet est arrivé à Tche-foo le 8 de ce mois, de retour d’une excursion qu’il était allé faire à Swatow, province de Kwan-tung, dans les circonstances suivantes :
En me rendant à Saïgon, je reçus le 24 Juillet, à Hong-Kong, une lettre du capitaine du navire de Commerce français le Léon, par laquelle il m’informait que des rixes sanglantes s’étaient élevées entre deux villages voisins de Swatow. Dans l’un de ces villages, nommé Oo-tau, réside un missionnaire français nommé le père Tardy. Très vivement impressionné par les scènes de violences auxquelles il venait d’assister et craignant pour sa sûreté, ce missionnaire avait écrit au Capitaine d’un autre navire français, le Bankok, une lettre qu’il terminait par ces mots : Un condamné à mort. De plus, profitant du désordre, des maraudeurs s’étaient introduits dans sa maison et lui avaient volé 300 piastres.
Les affaires de la France sont gérées en ce moment à Swatow par le Vice Consul anglais, Mr= Cooper, mais je n’avais reçu de lui aucune communication au sujet de ces affaires.
Sur la foi des renseignements de Mr= le Capitaine du Léon, je m’empressai de donner l’ordre au Primauguet de se rendre sur les lieux, afin de s’enquérir exactement de tout ce qui s’y était passé.
Comme Votre Excellence le verra par le rapport de Mr= le Commandant Bochet, ci-joint, les choses n’avaient pas autant de gravité qu’on aurait pu le supposer. De vieilles animosités avaient mis, il est vrai, les armes à la main à deux villages, mais il ne paraît pas qu’il fut question des Européens.
Le vol dont le père Tardy avait été la victime était un fait isolé et il avait été déjà réparé sur la demande de Mr= le Vice Consul anglais et par le soin des autorités Chinoises.
Quoi qu’il en soit, l’apparition du Primauguet a été du meilleur effet : il y a plus de 10 ans qu’on n’avait vu un bâtiment de guerre français dans les eaux de Swatow, bien que notre commerce y ait une certaine activité. Une moyenne de 12 navires de notre nation fait, en permanence, l’intercourse entre ce port et les petits ports voisins. Le sucre et les tourteaux pour engrais sont les deux articles principaux d’exportation et d’importation. Mr= le Vice Consul Cooper a exprimé le désir que notre pavillon se montrât un peu plus souvent dans ces parages. Je m’associe complètement à ce voeu et j’y donnerai satisfaction autant que me le permettront les ressources dont je dispose.
Dans le peu de jours que le Primauguet est resté à Swatow, Mr= le Commandant Bochet s’est mis en relations avec les autorités locales et leur a rappelé, en termes énergiques, que la France ne demandait qu’à vivre en bons rapports avec la Chine, mais qu’on la trouverait toujours prête à venger les injures ou les dommages qui seraient faits à aucun de ses enfants.
Le Mandarin de la ville s’est montré plein de déférence et d’empressement. Il s’est rendu, en grand cérémonial, à bord et a donné l’assurance des meilleures dispositions à notre égard.
Je me félicite d’avoir fait faire ce voyage au Primauguet, car, en attestant notre vigilance, il ne peut manquer de rassurer nos nationaux missionnaires et commerçants. Ce voyage avait, d’ailleurs, l’avantage de rentrer dans mes idées au sujet de la répression de la piraterie et encore, à ce point de vue, le passage d’un bâtiment de guerre sur les Côtes de Formose n’a pas dû être sans utilité.
Comme je l’ai dit en commençant, le Primauguet est arrivé le 8 à Tche-foo où je lui avais donné l’ordre de se rendre aussitôt après avoir rempli sa mission. C’est avec cette corvette que j’ai l’intention de faire l’exploration des côtes de Corée, dont j’ai déjà eu l’honneur d’entretenir Votre Excellence à diverses reprises. Je me ferai, en outre, accompagner, dans cette reconnaissance, par le Déroulède qui se trouve ici et par la canonnière le Tardif que j’ai rappelée de Ning-Po.
Cette exploration n’a, pour le moment, d’autre but que de me faire connaître un pays sur lequel il n’existe aucune donnée et de me renseigner sur les moyens de venger, s’il est possible, le massacre de nos missionnaires. Mais si, après examen, il m’était démontré qu’un coup de main contre Séoul pût s’exécuter sûrement et vite, il m’en coûterait beaucoup, Monsieur le Ministre, de temporiser et d’ajourner une réparation qui me semble impérieusement commandée par la dignité et par les intérêts de la France.
Dans cette pensée, j’ai donné l’ordre au Laplace, au Kien-chan et au Le Brethon de me rallier ; je fais venir, en outre, 150 fusiliers de Yokohama. J’aurai ainsi tous mes moyens d’action sous la main et serai à même d’agir, si les circonstances me paraissent propices.
Que Votre Excellence veuille bien être convaincue que j’apporterai dans mes résolutions toute la mesure et toute la prudence dont je suis capable. Si j’en viens à un engagement, c’est que le succès m’aura paru assuré et que j’y aurais vu une occasion de plus, pour la marine, de montrer ce qu’elle sait faire quand l’intérêt du pays est en cause.
Des nouvelles arrivées, il y a quelques jours, m’avaient fait craindre que le Laplace ne pût pas se rendre à mon appel ; mais je viens de recevoir un rapport de Mr= le Commandant Amet qui m’ôte toute inquiétude à cet égard.
Après une tournée fort intéressante dans la mer Intérieure avec notre Ministre, Mr= Léon Roches, le Laplace rentrait à Yokohama le 13 août quand tout à coup il s’échoua sur la pointe de Kanon-Saki. De prompts secours lui arrivèrent de toutes parts : Anglais et Italiens offrirent leurs services avec un égal empressement, la frégate de S. M. le Roi d’Italie, le Magenta, en particulier, a montré dans cette circonstance une confraternité dont je ne saurais trop faire l’éloge. Je me propose d’en adresser tous mes remerciements à son honorable Commandant.
Bref, après s’être allégé le plus possible, le Laplace, puissamment aidé par le Magenta, fut renfloué dans la soirée du 14 et bientôt après il avait repris son poste accoutumé dans la baie de Yokohama.
Le rapport de Mr= Amet que je joins ici montrera à Votre Excellence que les avaries résultant de cet échouage sont presque nulles, un bout de fausse quille enlevé, une vergue d’hune cassée, un grelin perdu, voilà à quoi se réduit un évènement qui m’avait inspiré les plus graves inquiétudes et qui pouvait avoir des conséquences beaucoup plus sérieuses.
J’ai l’honneur d’informer Votre Excellence que le Primauguet est arrivé à Tche-foo le 8 de ce mois, de retour d’une excursion qu’il était allé faire à Swatow, province de Kwan-tung, dans les circonstances suivantes :
En me rendant à Saïgon, je reçus le 24 Juillet, à Hong-Kong, une lettre du capitaine du navire de Commerce français le Léon, par laquelle il m’informait que des rixes sanglantes s’étaient élevées entre deux villages voisins de Swatow. Dans l’un de ces villages, nommé Oo-tau, réside un missionnaire français nommé le père Tardy. Très vivement impressionné par les scènes de violences auxquelles il venait d’assister et craignant pour sa sûreté, ce missionnaire avait écrit au Capitaine d’un autre navire français, le Bankok, une lettre qu’il terminait par ces mots : Un condamné à mort. De plus, profitant du désordre, des maraudeurs s’étaient introduits dans sa maison et lui avaient volé 300 piastres.
Les affaires de la France sont gérées en ce moment à Swatow par le Vice Consul anglais, Mr= Cooper, mais je n’avais reçu de lui aucune communication au sujet de ces affaires.
Sur la foi des renseignements de Mr= le Capitaine du Léon, je m’empressai de donner l’ordre au Primauguet de se rendre sur les lieux, afin de s’enquérir exactement de tout ce qui s’y était passé.
Comme Votre Excellence le verra par le rapport de Mr= le Commandant Bochet, ci-joint, les choses n’avaient pas autant de gravité qu’on aurait pu le supposer. De vieilles animosités avaient mis, il est vrai, les armes à la main à deux villages, mais il ne paraît pas qu’il fut question des Européens.
Le vol dont le père Tardy avait été la victime était un fait isolé et il avait été déjà réparé sur la demande de Mr= le Vice Consul anglais et par le soin des autorités Chinoises.
Quoi qu’il en soit, l’apparition du Primauguet a été du meilleur effet : il y a plus de 10 ans qu’on n’avait vu un bâtiment de guerre français dans les eaux de Swatow, bien que notre commerce y ait une certaine activité. Une moyenne de 12 navires de notre nation fait, en permanence, l’intercourse entre ce port et les petits ports voisins. Le sucre et les tourteaux pour engrais sont les deux articles principaux d’exportation et d’importation. Mr= le Vice Consul Cooper a exprimé le désir que notre pavillon se montrât un peu plus souvent dans ces parages. Je m’associe complètement à ce voeu et j’y donnerai satisfaction autant que me le permettront les ressources dont je dispose.
Dans le peu de jours que le Primauguet est resté à Swatow, Mr= le Commandant Bochet s’est mis en relations avec les autorités locales et leur a rappelé, en termes énergiques, que la France ne demandait qu’à vivre en bons rapports avec la Chine, mais qu’on la trouverait toujours prête à venger les injures ou les dommages qui seraient faits à aucun de ses enfants.
Le Mandarin de la ville s’est montré plein de déférence et d’empressement. Il s’est rendu, en grand cérémonial, à bord et a donné l’assurance des meilleures dispositions à notre égard.
Je me félicite d’avoir fait faire ce voyage au Primauguet, car, en attestant notre vigilance, il ne peut manquer de rassurer nos nationaux missionnaires et commerçants. Ce voyage avait, d’ailleurs, l’avantage de rentrer dans mes idées au sujet de la répression de la piraterie et encore, à ce point de vue, le passage d’un bâtiment de guerre sur les Côtes de Formose n’a pas dû être sans utilité.
Comme je l’ai dit en commençant, le Primauguet est arrivé le 8 à Tche-foo où je lui avais donné l’ordre de se rendre aussitôt après avoir rempli sa mission. C’est avec cette corvette que j’ai l’intention de faire l’exploration des côtes de Corée, dont j’ai déjà eu l’honneur d’entretenir Votre Excellence à diverses reprises. Je me ferai, en outre, accompagner, dans cette reconnaissance, par le Déroulède qui se trouve ici et par la canonnière le Tardif que j’ai rappelée de Ning-Po.
Cette exploration n’a, pour le moment, d’autre but que de me faire connaître un pays sur lequel il n’existe aucune donnée et de me renseigner sur les moyens de venger, s’il est possible, le massacre de nos missionnaires. Mais si, après examen, il m’était démontré qu’un coup de main contre Séoul pût s’exécuter sûrement et vite, il m’en coûterait beaucoup, Monsieur le Ministre, de temporiser et d’ajourner une réparation qui me semble impérieusement commandée par la dignité et par les intérêts de la France.
Dans cette pensée, j’ai donné l’ordre au Laplace, au Kien-chan et au Le Brethon de me rallier ; je fais venir, en outre, 150 fusiliers de Yokohama. J’aurai ainsi tous mes moyens d’action sous la main et serai à même d’agir, si les circonstances me paraissent propices.
Que Votre Excellence veuille bien être convaincue que j’apporterai dans mes résolutions toute la mesure et toute la prudence dont je suis capable. Si j’en viens à un engagement, c’est que le succès m’aura paru assuré et que j’y aurais vu une occasion de plus, pour la marine, de montrer ce qu’elle sait faire quand l’intérêt du pays est en cause.
Des nouvelles arrivées, il y a quelques jours, m’avaient fait craindre que le Laplace ne pût pas se rendre à mon appel ; mais je viens de recevoir un rapport de Mr= le Commandant Amet qui m’ôte toute inquiétude à cet égard.
Après une tournée fort intéressante dans la mer Intérieure avec notre Ministre, Mr= Léon Roches, le Laplace rentrait à Yokohama le 13 août quand tout à coup il s’échoua sur la pointe de Kanon-Saki. De prompts secours lui arrivèrent de toutes parts : Anglais et Italiens offrirent leurs services avec un égal empressement, la frégate de S. M. le Roi d’Italie, le Magenta, en particulier, a montré dans cette circonstance une confraternité dont je ne saurais trop faire l’éloge. Je me propose d’en adresser tous mes remerciements à son honorable Commandant.
Bref, après s’être allégé le plus possible, le Laplace, puissamment aidé par le Magenta, fut renfloué dans la soirée du 14 et bientôt après il avait repris son poste accoutumé dans la baie de Yokohama.
Le rapport de Mr= Amet que je joins ici montrera à Votre Excellence que les avaries résultant de cet échouage sont presque nulles, un bout de fausse quille enlevé, une vergue d’hune cassée, un grelin perdu, voilà à quoi se réduit un évènement qui m’avait inspiré les plus graves inquiétudes et qui pouvait avoir des conséquences beaucoup plus sérieuses.
G. Roze
색인어
- 이름
- Tardy, Cooper, Bochet, Tardy, Cooper, Bochet, Amet, Léon Roches, Magenta, Magenta, Amet, G. Roze
- 지명
- Tche-foo, Tche-foo, Swatow, Kwan-tung, Saïgon, Hong-Kong, Swatow, Oo-tau, Swatow, Swatow, Swatow, France, Chine, Formose, Tche-foo, Corée, Ning-Po, Séoul, France, Yokohama, Yokohama, Kanon-Saki, Yokohama