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근대한국외교문서

강화도 도착 및 점령 보고

  • 발신자
    G. Roze
  • 수신자
    P. de Chasseloup-Laubat
  • 발송일
    1866년 10월 22일(음)(1866년 10월 22일)
  • 출전
    Documents, pp. 319-24; Roze I, pp. 81-7.
À bord du Déroulède, Rade de Kang-hoa, le 22 Octobre 1866
Monsieur le Ministre,
 Dans ma dépêche qui rendait compte à Votre Excellence des résultats de mon exploration sur les côtes de Corée, j’avais l’honneur de vous informer que mon intention était de me rendre au mouillage de l’île Boisée avec la Guerrière et les bâtiments de ma Division. Mon but était de frapper un coup aussi rude que possible aur l’île de Kang-hoa qui est la place la plue fortifiée de la Corée et qui, par sa position géographique, domine la rivière de Séoul. Au retour de mon exploration, en passant auprès de cette île, tandis que mes deux canonnières étaient entraînées par un courant rapide de Jusan, j’avais aperçu un grand nombre de soldats coréens avec leurs drapeaux déployés garnissant les murailles qui défendent l’accès de l’île, ainsi que les forts construits sur les deux rives de la rivière Salée. Ils avaient même tiré quelques coup de canon et de fusil, quand nous étions déjà beaucoup trop éloignés pour pouvoir leur répondre. Ces indices me faisaient donc supposer, avec raison, que l’île de Kang-hoa était une place forte, conformément aux renseignements qui m’avaient été donnés et je pus dès lors acquérir la certitude qui frapper (Sic) rigoureusement sur elle, était un moyen certain d’humilier le Gouvernement de la Corée qui, justqu’à ce moment, à l’abri de ses innombrables écueils avait compté sur son invulnérabilité.
 Ainsi que je l’ai signalé à Votre Excellence, j’avais reconnu, dans l’exploration qui m’avait conduit à la rive la plus rapprochée de Séoul, qu’il ne m’était pas possible de tenter une attaque contre cette Capitale avec les simples moyens à ma disposition, mais un coup de main contre Kang-hoa me semblait de nature à pouvoir être effectué, malgré les grandes difficultés de navigation qu’offrent ces parages que nous avions été les premiers à visiter.
 En conséquence, aprés avoir pris à Tché-fou toutes les dispositions les plus minutieuses pour assurer la réussite de mes projets, je partis le 11 Octobre avec la Guerrière, le Primauguet, le Laplace, les avisos le Déroulède et le Kien-Chan et les canonnières le Tardif et le LeBrethon. La Guerrière avait pris à la remorque le Kien-chan et une chaloupe pontée, provenant de notre occupation de Takou, et dont je comptais me servir pour le transport de nos approvisionnements dans mon trajet de l’île Boisée à Kang-hoa. Le Primauguet remorquait le Déroulède et le Tardif ; enfin le Laplace trainait derrière le LeBrethon. Le lendemain 2, vers 6 heures du soir, j’avais la chance heureuse de conduire toute ma Division au mouillage de l’île Eugénie dans le golfe du Prince Jérôme. Le 13, sans perdre de temps, je fis appareiller tous mes bâtiments pour l’île Boisée, où nous pûmes arriver vers 11 heures du matin. Je m’occupai immédiatement des derniers préparatifs par un ordre du jour très détaillé, j’avais indiqué le rôle que chacun devait avoir dans le débarquement d’opération dont nous avions déjà fait une répétition la veille de notre départ de Tché-foo sur l’île de Kung-Tung, en présence de Mr= l’Amiral King qui se trouvait auprès de moi à son retour de Pékin et qui voulut bien passer à mes côtés la revue de nos compagnies. J’avais la ferme confiance que tout réussirait à souhait, en effet, le 14, à 6 heures et demie du matin, avec la marée favorable, nous quittâmes l’île Boisée. Le Tardif avait pour mission d’éclairer la route, le Déroulède où j’avais mis mon pavillon venait après en remorquant huit embarcations contenant les compagnies de débarquement du Primauguet et du Laplace. Le Kien-Chan suivait avec cinq embarcations de la Guerrière portant les companies de la frégate. Venait ensuite le canot à vapeur remorquant deux chaloupes chargées de vivres et de munitions, et enfin le LeBrethon fermait la marche pour servir d’arrière-garde et porter secours aux canots en cas d’accidents. Nous parcourûmes ainsi les dix-huit milles de la rivière Salée qui nous séparaient de Kang-hoa. En approchant de la place, les forts étaient occupés par des soldats qui paraissaient pointer avec soin leurs canons, mais aucun ne fit feu et nous arrivâmes vers midi au mouillage que j’avais assigné aux bâtiments. Les embarcations quittèrent aussitôt les remorques et les divisions de dèbarquement sautèrent à terre avec une rapidité remarquable ; nous n’avions essuyé aucune résistance. Dans son trajet, le Kien-Chan s’était échoué sur un banc à une distance assez rapprochée de sa destination, ce contretemps le força de confier les embarcations qu’il remorquait au LeBrethon qui les conduisit promptement auprès de nous. En un instant les hauteurs furent couronnées par nos hommes et n’apercevant pas d’ennemis à proximité, je m’occupai immédiatement du cantonnement de tout mon monde qui fut logé dans les cases du Gouvernement sur le rivage et sur les forts voisins. Cette précaution fut heureusement prise à temps, car à peine étions-nous à terre depuis une heure que la pluie vint à tomber par torrents et le temps devint excessivement mauvais ; mais nos hommes avaient déjà trouvé un abri et ils n’eurent plus à travailler qu’à leur installation. Quoique bien gênés par la pluie qui continua à tomber avec la même persistance pendant toute la nuit et une partie de la journée du lendemain, le service fut parfaitement réglé à terre et les distributions de vivres ne subirent aucun retard. Les compagnies de débarquement de la Guerrière formant la première colonne étaient sous le commandement du Capitaine de frégate d’Osery, celles du Primauguet et du Laplace réunies étaient commandés par le Capitaine de frégate Bochet et composaient la deuxième colonne, enfin une troisième colonne formée par les 150 fusiliers du détachement de Yokohama était sous les ordres de Mr= le Lieutenant de vaisseau de Thouars. Les trois colonnes avaient été placées sous le commandement supérieur du Capitaine de vaisseau Olivier de la Guerrière.
 Partis le 11 de Tché-foo, j’avais la satisfaction de voir dans la matinée du 14, toutes mes compagnies de débarquement parfaitement établies sur l’île de Kang-hoa. Le soir du même jour, un Mandarin de rang inférieur fut conduit auprès de moi et me demanda quelles étaient mes intentions. Je lui repondis que chargé par l’Empereur de Français de veiller aux intérêts de ses sujets dans l’extrême Orient, je venais punir le Gouvernement de la Corée qui avait ordonné le massacre de nos missionnaires et que puisque l’île de Kang-hoa avait tiré sur mes bâtiments, quelques jours auparavant, j’avais cette nouvelle offense à venger. Je le congédiai en lui disant de faire part de ma résolution au premier Mandarin de l’Ile. Il est très difficile dans ce pays de pouvoir entrer en relations avec les Mandarins d’un rang élevé, car les chefs sont les premiers à s’enfuir et laissent ainsi le vide après eux. Aussi les rapports officiels avec le Gouvernement sont-ils à peu près impossibles et personne ne se chargerait de lui porter une communication qui à ses yeux pourrait être compromettante.
 La ville de Kang-hoa est à 5 kilomètres des positions que nous occupions sur le bord de la rivière Salée. Cette ville est assise sur un vaste terrain entouré de hauteur ; les maisons n’y sont pas disposées régulièrement, elles sont éparses au milieu de bouquets d’arbres. Une muraille, crénelée, d’environ 4 mètres de hauteur, entoure complètement la ville en passant sur les crêtes. Les points culminants ont des forts circulaires qui flanquent les murailles. Les portes sont voutées et surmontées par des corps de garde en pierres.
 Le 15, j’ordonnai une reconnaissance de la ville qui fut exécutée par cent hommes de la Guerrière sous le commandement du Capitaine de frégate d’Osery. Cette colonne, après avoir parcouru les crêtes qui dominent la partie droite, s’approcha d’un fort qui défend l’une des portes de la ville. Elle fut accueillie par un feu assez vif de mousquetterie et par celui de deux canons de petit calibre. Nos hommes repartèrent aussitôt et après un engagement de quelques minutes, ils escaladèrent la muraille et en chassèrent les défenseurs. Ces derniers s’enfuirent en laissant un drapeau qui me fut rapporté.
 Le Commandant d’Osery qui avait lui-même escaladé la muraille à la tête de ses hommes aurait pu entrer dans la ville, mais n’ayant eu pour mission qu’une simple reconnaissance, il revint bientôt après dans nos cantonnements. Cet officier supérieur, dont le sang froid et le courage ont été signalés dans bien des circonstances antérieurs, a montré dans cette nouvelle occasion son intelligence et la fermeté habituelles. Ses hommes l’avaient secondé avec leur entrain ordinaire ; il m’a cité particulièrement l’Enseigne de Vaisseau Fournie qui lui avait été adjoint pour dessiner le terrain et qui, pendant l’action avait continué à prendre les croquis de la ville au milieu des balles avec le calme le plus parfait. Il a remarqué également quelques hommes de son détachement dont la conduite a été des plus dignes d’éloges, entr’autres le gabier Jounaux qui s’est emparé d’un drapeau dont le défenseur coréen gisait blessé tout auprès.
 Le 16, dès 8 heures et demie du matin, je rassemblai mes trois colonnes et me mettant à leur tête, je les conduisis vers la porte principale de la ville. Arrivé à une centaine de mètres, quelques coup de fusil furent tirés sur nous, des bastions qui dominent cette porte. Les murailles furent aussitôt escaladées au cri de Vive l’Empereur, et, en un instant, les soldats coréens mis en fuite, nous laissèrent maîtres de la place ; plusieurs de leurs drapeaux furent enlevés et restèrent en notre pouvoir. J’aurai l’honneur de vous les adresser comme un trophée qui, quoique dû à un succès facile, n’en est pas moins important. Nos hommes ne demandaient du reste qu’à rencontrer un ennemi plus digne de leur valeur. Pas un seul Mandarin, pas un seul soldat ne restait dans la ville dont nous venions de nous emparer. Tous avaient fui avec la plus grande précipitation et nous n’avons même pas pu suivre leur trace. A peine entrés dans cette cité où nul Européen, sans doute, n’avait encore pénétré, mon premier soin fut de rassurer les habitants inoffensifs et d’empêcher toute espèce de sévices contr’eux. Je leur fis lire une proclamation qui était de nature à les ramener à la confiance. La discipline la plus sévère fut, en effet, observée parmi nos marins et nous n’eûmes aucun désordre sérieux à réprimer. Je parcourus immédiatement la ville et je me rendis au Yamoun de premier Mandarin, édifice très élégant qui était entouré de tous les magasins appartenant à l’Etat et qui à eux seuls formaient une seconde ville dans la premières. Les recherches que j’ordonnais nous donnèrent la preuve de l’importance militaire de la place nous trouvâmes des poudrières en grand nombre une grande quantité de canons et de gingoles en fer et en bronze, des magasins considérables remplis d’armes et de munitions de toute sorte, plus de dix mille fusils, des sabres en quantité, ainsi qu’un grand nombre de flèche et de carquois et des aumures excessivement bizzarres par leur forme et leur variété. Nous avions déjà découvert la veille trois grandes poudrières pleines de poudre et de munition dans le voisinage de nos cantonnements. A n’en pas douter, l’île de Kang-hoa devait avoir été choisie par le Gouvernement de Séoul, comme le boulevard militaire de la Corée. Dans l’un des magasins, on trouva également dix-neuf caisses remplies de lingots d’argent ; je nommai immédiatement une commission pour les compter, en prendre possession régulièrement et les acheminer ver nos cantonnements. La Commission a reconnu qu’il y en avait pour une valeur de 195,217 francs. Toutes ces caisses seront envoyées à Votre Excellence par une prochaine occasion. Nous mîmes aussi la main sur les Archives de l’Etat, et je reconnus des ouvrages très curieux qui peuvent éclaircir bien des mystères sur l’histoire de la Corée, ses légendes et sa littérature. J’en ai fait faire un inventaire en règle et je me propose d’adresser cette précieuse collection à Votre Excellence qui jugera, sans doute, utile de la transmettre à la bibliothèque Impériale. Aucun de ces documents n’est devenu la propriété particulière de qui que ce soit dans la Division, tout ce que nous avons trouvé appartenant ainsi à l’Etat a été inventorié avec soin et recueilli par procès-verbal. J’attachai une scrupuleuse importance à ce qu’aucun détournement n’avait lieu et, d’ailleurs, je dois le dire, ces sentiments sont partagés par tout le personnel sous mes ordres.
 Il me reste, M. le Ministre, à recommander à Votre Excellence les officiers et marins qui, dans le cours de cette expédition, se sont fait remarquer entre tous par leurs services. J’ai l’honneur de vous adresser à ce sujet divers états de propositions que je supplie Votre Excellence de vouloir bien accueillir favorablement.
Je suis avec un profond respect,
Monsieur le Ministre,
De Votre Excellence,
Le très obéissant Serviteur,
Le Contre-Amiral Commanant en chef
G. Roze
별지: Annexes : Proclamations de l’Amiral aux officiers et Equipages.
 
Officiers et Equipages, Un grand crime a été commis en Corée ; plusieurs missionnaires, nos compatriotes ont été odieusement massacrés par les ordres du Gouvernement de ce pays. Il nous appartient à nous qui avons reçu la noble mission de faire rayonner au loin le drapeau de la Patrie de frapper ceux qui ont commis un semblable forfait et de montrer à un gouvernement barbare que le sang innocent des enfants de la France est à jamais sacré.
 Je vous conduis donc sur les rivages de la Corée. Nous ferons nos efforts pour arriver au coeur du pays et pour venger les hommes de bien qui ont été mis à mort par ceux auxquels ils venaient enseigner la charité et la vertu. Je n’ai pas besoin de faire appel à votre courage et à votre dévouement, je les connais ; mais dans notre juste vengeance nous ne confondons pas ceux qui ont ordonné le meurtre de nos compatriotes avec les habitants paisibles qui ne demandent qu’à nous tendre la main.
 Nous saurons nous montrer digne de la France et de notre grand Souverain dont le coeur magnanime veille sur ses enfants partout où ils se trouvent et, en nous inspirant du souvenir de la patrie, nous marcherons au cri mille fois répété de Vive l’Empereur.
Signé : G. Roze.
Proclamation de l’Amiral au Peuple de la Corée. En paraissant sur vos rivages, en pénétrant au sein de votre pays, nous ne venons ni vous châtier, ni vous soumettre ; nous sommes vos amis, et nous voulons que vous soyez heureux : toute notre colère est contre votre Gouvernement qui, au mépris des lois les plus saintes de l’humanité, a mis impitoyablement à mort un grand nombre de nos compatriotes, de nos frères qui n’étaient venus parmi vous que pour vous apporter des paroles de paix et de vertu. Ces hommes de bien que votre Gouvernement a fait si impérieusement massacrer appartenaient comme nous au puissant pays de France dont le Souverain est le grand Empereur Napoléon III. Les Français sont ses enfants et sa sollicitude s’étend sur eux partout où ils se trouvent. C’est donc en obéissant à ses ordres paternels que nous venons punir ceux qui ont massacré nos frères, mais en nous disant de frapper sans pitié les coupables, notre Magnanime Empereur veut que nous protégions le peuple de Corée qui est innocent de ce crime et qui est aussi la victime de ceux qui l’ont commis.
 Rassurez vous donc, peuple de Corée, vos propriétés, vos biens seront respectés, accueillez nous comme des amis qui vous tendent la main, mais rappelez-vous que ceux d’entre vous qui se montreront nos ennemis, attireront sur leur tête la plus implacable rigueur.
Signé : G. Roze

색인어
이름
King, d’Osery, Bochet, Thouars, Olivier, Osery, Osery, G. Roze, G. Roze, Napoléon III, G. Roze
지명
Kang-hoa, Corée, île Boisée, île de Kang-hoa, Corée, Séoul, île de Kang-hoa, Séoul, Kang-hoa, Tché-fou, Takou, île Boisée, Kang-hoa, île Eugénie, le golfe du Prince Jérôme, île Boisée, Tché-foo, île de Kung-Tung, Pékin, île Boisée, Kang-hoa, Yokohama, Tché-foo, île de Kang-hoa, île de Kang-hoa, Kang-hoa, la rivière Salée, île de Kang-hoa, Corée, Corée, Corée, France, Corée, France, Corée, France, Corée, Corée
관서
le Gouvernement de la Corée, le Gouvernement de la Corée, le Gouvernement de Séoul
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강화도 도착 및 점령 보고 자료번호 : gk.d_0002_0440